Les Ailes de la Terre – Susumu Shingu

Susumu Shingu : Le vent comme matière poétique


Susumu Shingu, sculpteur japonais né en 1937 à Osaka, est mondialement reconnu pour ses sculptures cinétiques, mises en mouvement par les forces naturelles. Par ses œuvres élégantes et silencieuses, il invite à écouter la nature et à voir l’invisible.

Susumu Shingu
Susumu Shingu

Formé à la peinture à l’huile à l’Université des Arts de Tokyo (diplômé en 1960 sous la direction de Ryohei Koiso), Susumu Shingu part ensuite à Rome grâce à une bourse du gouvernement italien. À l’Académie des Beaux-Arts (1960–1962), il découvre l’abstraction et, surtout, l’intérêt du mouvement.

L’étincelle vient lorsqu’il observe le vent faire onduler l’une de ses toiles. Il décide alors de se tourner vers la sculpture cinétique, cherchant à rendre le mouvement perceptible, dans une dimension tridimensionnelle. Il adopte des matériaux durables comme l’acier inoxydable ou le téflon, capables de résister aux éléments.

Un parcours international entre nature et architecture

De retour au Japon, il reçoit le soutien décisif d’un industriel qui lui fournit un atelier et des ingénieurs. En 1977, il érige sa première œuvre monumentale : Path of the Wind, haute de 20 mètres. Il devient l’un des huit artistes japonais choisis pour représenter leur pays à l’Expo ’70 d’Osaka.

Shingu installe des sculptures aux quatre coins du monde : Gift of the Wind (1983) à Cambridge (USA), devant la station Porter, ou Boundless Sky (1994) à l’aéroport du Kansai, en collaboration avec Renzo Piano. Ensemble, ils conçoivent aussi des œuvres majeures à New York : Dialog with the Sun (1995), Distant Sky (2012) et Rainbow Leaves (2021).

Il inaugure en 2012 le Susumu Shingu Wind Museum à Sanda, près de Kobe, un jardin de sculptures en plein air conçu pour être animé par les souffles du vent. Depuis 2019, il y développe aussi un projet utopique, Atelier Earth, mêlant art, écologie et architecture.

Une philosophie de la nature

Shingu se définit comme un « philosophe de la nature ». Il s’inspire du biomimétisme et traduit les forces invisibles — vent, eau, lumière — en mouvements visibles et poétiques. Ses formes évoquent oiseaux, nuages, graines, feuilles ou constellations.

Pour perfectionner ses mécanismes, il étudie la technologie navale et l’aérodynamique. Son travail allie précision d’ingénierie et légèreté contemplative.

À travers ses œuvres, il cherche à éveiller une conscience écologique et à reconnecter l’homme avec les rythmes naturels.

Depuis les années 1960, Shingu a exposé sur tous les continents :

  • Windcircus (USA, 1988)
  • EXPO’98 à Lisbonne
  • Champs de la Sculpture 2000 à Paris
  • Nombreuses expositions personnelles en Europe, au Japon, aux États-Unis

En 2025, la Japan Society Gallery de New York lui consacre une rétrospective majeure : Susumu Shingu: Elated!

Shingu travaille aussi pour le théâtre japonais traditionnel (comme le Nô) et a publié plus de vingt livres — dont plusieurs pour la jeunesse — consacrés à la nature et à la poésie du monde vivant.

Il vit et travaille toujours à Sanda, dans la préfecture de Hyōgo

« Les Ailes de la Terre » et « L’Arbre du Soleil » au Château d’Arsac

Au Château d’Arsac, deux œuvres emblématiques de Susumu Shingu dialoguent avec la nature :

  • Les Ailes de la Terre (2005) : sculpture cinétique aux formes évoquant des ailes d’oiseau, animée par les vents du Médoc. Sa présence, tantôt silencieuse, tantôt dansante, transforme l’espace en expérience poétique.
  • L’Arbre du Soleil (2007) : œuvre monumentale située devant la Winery, qui se déploie gracieusement en s’éveillant sous le souffle du vent. Elle incarne la symbiose entre lumière, mouvement et architecture du domaine.

Ces deux sculptures font désormais partie intégrante de l’ADN d’Arsac, “chacune oscillant entre stabilité apparente et énergie invisible”

Susumu Shingu sculpte l’invisible. À travers ses œuvres aériennes, il traduit la langue de la nature et nous invite à ralentir, écouter, ressentir. Les Ailes de la Terre & L’arbre soleil, au Château d’Arsac, nous rappellent que l’art peut naître du souffle du monde.

« Les Ailes de la Terre » et « L’Arbre du Soleil » au Château d’Arsac

À découvrir, avec d’autres artistes, sur notre page Art & Vignes
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