Bernard Pagès, né en 1940 à Cahors, est une figure majeure de la sculpture contemporaine française. Héritier du mouvement Supports/Surfaces, il développe une œuvre puissante et libre, fondée sur l’assemblage, la récupération et le dialogue entre matériaux.

Issu d’un milieu agricole, Bernard Pagès passe son enfance à la ferme. En 1959, il monte à Paris pour tenter l’École des Beaux-Arts. Refusé, il rejoint l’Atelier d’Art Sacré. Après des débuts en peinture et dessin, la visite de l’atelier de Brancusi l’oriente définitivement vers la sculpture.
En 1965, il s’installe à Coaraze, dans l’arrière-pays niçois. Il abandonne progressivement la peinture, travaillant avec le plâtre, la terre, le bois, la pierre. Il fréquente alors des artistes comme Claude Viallat, Erik Dietman, Patrick Saytour, et s’imprègne des idées nouvelles diffusées par les Nouveaux Réalistes.
L’expérience Supports/Surfaces et l’émancipation
À la fin des années 1960, Pagès participe aux premières expositions du mouvement Supports/Surfaces, qui remet en cause les formes traditionnelles de l’art. Il s’affirme par ses assemblages simples, directs, faits de matériaux bruts.
En 1971, il quitte le groupe pour poursuivre une recherche solitaire, centrée sur l’inventaire des matières et leurs relations. Il crée des séries comme les Piquets, les Assemblages, ou encore les Tuyaux, où il classe, empile, juxtapose.
Son art devient une exploration rigoureuse des contrastes, entre lourd et léger, naturel et industriel, stable et instable.
Une œuvre physique, libre et structurée
Pagès travaille des matériaux pauvres ou récupérés : bois, béton, métal, gravier, brique, fer, plastique… Il les assemble sans les masquer, laissant voir leurs textures, leurs tensions.
Il établit des nomenclatures, des inventaires, où chaque élément dialogue avec les autres. À partir des années 1980, il réalise des sculptures monumentales : colonnes, cariatides, structures qui donnent au déséquilibre une valeur poétique.
Ses œuvres semblent parfois sur le point de basculer, suspendues dans une tension maîtrisée. Cette instabilité apparente exprime un équilibre fragile entre construction et chaos.
Depuis les années 1970, Bernard Pagès expose régulièrement en France et à l’étranger. Parmi les expositions marquantes :
- Musée Henri-Martin (Cahors) & Musée Matisse (Nice), 1995
- Château de Villeneuve (Vence), 2002
- Domaine de Kerguéhennec, 2017
- Musée Picasso (Antibes), 2015
Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques, et plusieurs sculptures monumentales sont installées dans l’espace public.
Il vit et travaille à Contes, dans les Alpes-Maritimes, où il poursuit son dialogue exigeant avec les formes et la matière.
Au Château d’Arsac : sculptures en tension
Dans le parc du Château d’Arsac, plusieurs œuvres de Bernard Pagès déploient leur présence brute :
- Le Grand Dévers : une structure penchée, tendue, jouant sur la gravité
- La Déjetée, Le Chevêtre : œuvres d’assemblage explorant déséquilibres et contrepoids
- La Colonne aux Bidons Écrasés : colonne formée d’éléments industriels compressés
- Les Cariatides : figures verticales fortes, presque anthropomorphes
Ces œuvres, puissantes et sobres, s’intègrent dans le paysage du domaine, dialoguant avec la nature et l’architecture. Elles reflètent la démarche de Pagès : faire surgir de l’ordinaire un langage sculptural universel.
Bernard Pagès construit une œuvre qui pense la matière, l’espace, le poids, le rythme. À travers ses sculptures visibles au Château d’Arsac, il nous rappelle que l’art peut naître du rude, du rugueux, du recyclé — et parler pourtant d’équilibre, de beauté et d’émotion.
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